L'initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR) a rendu public son état des lieux de 2020 sur la situation des récifs coralliens, mangroves et herbiers en Outre-mer. Crée en 1999, l’ifrecor a donc un recul de vingt ans sur la situation des récifs coralliens.
Le bilan est préoccupant. Notamment pour les zones fortement anthropisé comme la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et Mayotte contrairement aux zones comme la nouvelle Calédonie, la Polynésie et Wallis qui connaissent des pressions anthropique (liées à l’homme) moindre.
État des lieux
À Mayotte, 40% des récifs présentent un bon état de santé et 60% un état moyen.
Il y en a 43% dont l’état s’est dégradé et 14% dont il s’est amélioré sur les stations étudiées.
Causes naturelles
L’évolution négative est clairement liée à l’impact du blanchissement corallien majeur qui a affecté les récifs de Mayotte durant l’été austral 2016, suivi d’une mortalité corallienne d’environ 25%.
Il est également lié à l’infestation d’une étoile de mer appelée Acanthaster planci, et au cyclone de 2008.
Causes anthropiques
En parallèle des conséquences du changement climatique, ces derniers sont directement exposés par les effets directs et indirects du développement de l’île et de sa démographie a savoir :
L’érosion des sols : d’origine naturelle et anthropique due à l’urbanisation croissante et aux aménagements sur les bassins versants qui accélèrent les processus d’érosion des sols : l’extension de l’agriculture sur des pentes de plus en plus fortes et l’évolution du rythme de mise en culture, la déforestation pour les besoins en bois et en charbon de bois.
Les particules terrigènes, transportées par les ravines et les écoulements pluviaux, se déversent dans le lagon et provoquent, particulièrement en saison des pluies, une forte augmentation de la sédimentation fine. Entrainant notamment l’asphyxie des récifs.
La pollution; les volumes d’eaux polluées atteignant le lagon ont fortement augmenté ces dernières années avec l’accroissement de la consommation d’eau et la multiplication des rejets d’eaux usées. L’assainissement diffus est un problème majeur avec seulement 10 % de la population raccordés à un réseau d’assainissement.
Enjeux et recommandation
« L’analyse des tendances évolutives attendues des pressions sur l’écosystème récifal va dans le sens d’une hausse (urbanisation, rejets d’eaux usées, activités extractives, usages récréatifs, etc.) en lien avec l’évolution démographique à venir. La structuration urbaine du territoire permettant de canaliser ces pressions et leurs impacts est un enjeu majeur, tout comme l’allègement des pressions sur les ressources récifales. »
Pourquoi les protéger ?
Outre le respect du vivant et sa beauté, l’état des récifs coralliens, ont un impact direct sur le peuplement de poisson et donc sur le stock de nourriture. De plus, la dégradation des récifs agit en synergie avec une pression liée à la pêche, qui se fait de plus en plus forte. (35 % du tonnage des captures concernent des espèces récifales).
Ils protègent des risques naturels notamment des tsunamis en cassant l’énergie des vagues. En dehors de ce risque important, il permet d’avoir un lagon avec une eau calme qui permet de protéger les installations humaines sur le littoral et a une variété d’espèces propre à ce milieu de se développer.
Rôle d’épuration des eaux notamment, avec les éponges présentent sur le récif. Il permet de stocker du carbone.
En médecine, substances actives d’origine marine (algues, éponges) sont utilisées dans les différents domaines de la cosmétique, de l’agriculture et de la santé notamment en pharmacologie. La moitié de la recherche sur les médicaments contre le cancer est basée sur les organismes marins.
Tourisme, sa beauté amène du tourisme qui permet de développer l’économie locale.
Manon SQUADRELLI
La fête de la mer et des littoraux célébrés du 8 au 11 juillet 2021 a été l’occasion de valoriser l’importance de la préservation de ces écosystèmes, en particulier à Mayotte. L’île fait face à de nombreuses menaces, aussi bien d’origines anthropiques que naturelles, et la mer et le littoral contribuent fortement à sa résilience et à sa protection. Pourtant, aujourd’hui, la dégradation de ces milieux augmente causant la perte de leur fonctionnalité.
La part littorale de Mayotte représente 185km de long et son lagon 1100 km², l’un des plus grands au monde. Le maintien de ce lagon se fait grâce à la barrière de corail qui assure une protection contre les vagues et abrite de nombreuses espèces de poissons. Cette richesse est un atout économique majeur pour l’industrie de la pêche, mais également pour le développement de l’écotourisme. Aujourd’hui, l’envasement et la pollution du lagon menacent la barrière de corail. Sa disparition rendrait Mayotte beaucoup plus vulnérable aux vagues et la perte de biodiversité serait catastrophique pour la pêche.
Sur les côtes mahoraises, des palétuviers se dressent en bord de mer, prêts à faire face aux intempéries. Les mangroves constituent l’un des écosystèmes les plus productifs au monde en matière de bénéfices rendus aux sociétés. Leurs racines, sortant du sol comme des tentacules, permettent de retenir les déchets apportés par la rivière et préservent ainsi le lagon. Ses eaux basses et saumâtres constituent une nurserie pour de nombreux animaux assurant leur bon développement jusqu’à maturité sexuelle et leur protection contre les prédateurs. Leurs capacités, à capturer le CO2 atmosphérique et à retenir les sols face à l’érosion côtière sont également d’importants facteurs en faisant un atout majeur pour la résilience de l’île. Malheureusement, l’urbanisation grandissante a engendré une perte considérable de ces espaces causant le relargage de CO2 dans l’atmosphère, l’exposition de l’île aux risques naturels et la perte de biodiversité.
Les plages de Mayotte ont également un rôle à jouer pour la préservation du territoire et son développement. Elles constituent dans un premier temps un site majeur d’accueil des tortues marines pour la ponte dans le canal du Mozambique. Par ailleurs, les mouvements sédimentaires qui s’y produisent contribuent à la protection du littoral contre l’érosion côtière et les tempêtes. Ce sont également des lieux de reproductions et des habitats pour de nombreux animaux (crustacés, mollusques, oiseaux). De plus, l’attrait touristique des plages en fait un atout majeur pour le développement économique de l’île. Cependant, la subsidence de l’île, la montée des eaux et l’urbanisation menacent fortement ces écosystèmes et une fois encore augmentent la vulnérabilité du territoire face aux risques naturels.
En effet, le littoral de Mayotte est de plus en plus exposé au risque de submersion marine. Le recul des plages mahoraises est aggravé par la montée du niveau marin, conséquence des changements climatiques, et par le volcan sous-marin qui provoque un phénomène d’affaissement de l’île. La barrière de corail et les mangroves sont les meilleures protections des côtes : elles réduisent l’intensité des vagues, protégeant ainsi l’île de la submersion marine, une forme d’inondation qui peut être provoquée par les cyclones et les tsunamis.
Les milieux littoraux constituent une force de développement pour les territoires, en particulier les îles. Il est plus que nécessaire de préserver ces espaces afin d’assurer la résilience du territoire face aux changements climatiques. De nombreuses études sont actuellement menées dans les territoires outremer notamment pour le développement de solutions fondées sur la nature, c’est-à-dire la valorisation des espaces naturels dans l’aménagement du territoire, pas seulement comme un outil paysager, mais comme un outil fonctionnel visant également à favoriser le bien-être des sociétés. Intégrer la nature dans l’aménagement est une nécessité aujourd’hui pour maintenir et protéger les ressources, et assurer la durabilité du territoire, plus encore pour une île. Ces réflexions commencent à prendre forme à Mayotte, mais le caractère opérationnel reste encore à se développer.
Victoria SOUBAIRAN et Joséphine ESCOTB
Alors que le projet de sensibilisation sur les tortues marines arrive à son terme (septembre 2021), les actions de sensibilisation s'intensifient !
Au cours du mois de juillet, 4 bivouacs de découverte ont pu être réalisés auprès de publics très ciblés : les ambassadeurs du lagon de la FMAE, la classe 303 de Kani-Kéli lauréate du concours, les jeunes de la commune de Chirongui et les élus de la CCSUD et un membre de la Préfecture. Chacun d'entre eux a pu apprécier le temps de 24 h le travail des Naturalistes pour la protection des tortues marines, et assisté pour beaucoup pour la première fois à la ponte et l'émergence. Ajoutons à cela 3 conférences réalisées et des rencontres avec des acteurs clé du territoire (élus, services culturels, comité de jeunes, services civiques...).
Le projet a ce mois-ci permis de toucher plus de 70 personnes et de renforcer les partenariats locaux pour le développement de projets favorables à la protection des tortues marines et l'appropriation des enjeux de conservation par la population locale. Le dernier bivouac du projet est prévu pour la nuit du 3 au 4 août avec les jeunes de la commune de Kani-Kéli, et des rencontres avec les élus du sud sont également à venir.
Le vendredi 9 juillet 2021, les Naturalistes ont réuni de nombreux acteurs de la préservation de l'environnement pour célébrer la mer et les littoraux au Pôle culturel de Chirongui.
Une action de sensibilisation qui a permis le renforcement des relations entre les différentes structures et la valorisation de leurs outils de sensibilisation auprès du grand public, tous âges confondus !
Sur place, les tortues ont été mises à l'honneur par Oulanga na nyamba et le Parc marin qui nous faisaient partager leurs voyages, et Mayotte nature Environnement qui dénonçait le braconnage grâce à sa mascotte. Mais d'autres thématiques ont été largement abordées au cours de cette après-midi : l'UICN-CF nous embarquait pour une visite virtuelle des mangroves de Mayotte, le Parc marin à la découverte du poulpe et des sons sous-marins, les Naturalistes au travers du bassin versant et du lien entre la terre, la rivière et la mer...
En somme, une journée qui a ravi petits et grands, et pour laquelle nous remercions l'ensemble des participants, le Pôle culturel pour l'accueil et la Mairie de Chirongui pour l'aide à la communication.
Cette action a été financée par le comité européen LIFE4BEST dans le cadre du projet de sensibilisation sur les tortues marines.
L'association Les Naturalistes de Mayotte, environnement et patrimoine de Mayotte lance actuellement une grande campagne de communication dans la lutte anti braconnage des tortues marines. Cette campagne multimédia (TV, Radio, Presse, Internet, FB) est un partenariat avec Kwezi.
Dans ce cadre, nous avons souhaité mettre en place un label pour les structures et organismes qui mènent des actions de protection des tortues marines, au sens large. L'accroche "Je protège les tortues de Mayotte" se décline sur tous les supports de communication.
Il peut être personnalisé au nom de votre association/organisme sur simple demande et vérification qu'une ou plusieurs de vos actions participe(nt) à la protection des tortues de Mayotte.
Une série d'autocollants est en production et sera également distribuée (en priorité aux scolaires ayant reçu l'intervention d'un animateur tortue et durant les journées événementielles).
Faites votre demande à communication@naturmay.org
Ensemble, protégeons les tortues de Mayotte !
Le 16 juillet les Naturalistes avaient invité les élus de la CCSud et la représentante du Préfet pour un bivouac tortues à Saziley. C’était l’occasion de faire un premier bilan du Pacte de sauvegarde des tortues initié par le Préfet de Mayotte et soutenu par la Communauté de communes du sud. Plus d’une quinzaine de services civiques et d’emplois aidés ont ainsi été recrutés par les Naturalistes pour accroître la surveillance et le suivi nocturnes des sept plages de Saziley qui représentent plus de la moitié des pontes de tortues à Mayotte.
La présence de plus en plus fréquente des équipes de Naturalistes sur ces plages a un effet certain sur la diminution du braconnage qui est cependant, encore loin d’être éradiqué. La lutte contre le braconnage passe aussi par une sensibilisation massive de la population et des scolaires menée depuis plusieurs mois par les Naturalistes. Cette sensibilisation est appuyée par une campagne de communication menée en partenariat avec Kwezi.