Contrairement à l’île de la Réunion, Mayotte était déjà habitée bien avant sa fréquentation par les Européens. D’après les découvertes archéologiques, la présence humaine y remontrait en effet aux premiers siècles de notre ère. Cependant nous ignorons encore bien des choses sur le passé de Mayotte, particulièrement pour la période antérieure au XVe siècle pour laquelle très peu de sources sont disponibles.
L’histoire ancienne de Mayotte n’a laissé que très peu de traces dans les archives. Cette histoire doit donc être reconstituée principalement à partir de l’archéologie qui n’en est encore qu’à ses débuts. Les premiers peuplements de Mayotte trouvent leur origine à la fois dans les populations bantoues de la côte africaine et des apports austronésiens en provenance de Madagascar.
Les campagnes de fouilles portent actuellement sur deux sites : à Acoua et à Dembéni. Ce dernier site, déjà fouillé à plusieurs reprises à la fin du XXe siècle, est sans doute le plus important de Mayotte. La découverte de céramiques importées du golfe Persique, d’Inde, de Chine ainsi que de produits malgaches montre qu’à l’époque de Dembéni (IXe-XIIe ) Mayotte était un centre commercial actif dans l’océan Indien. La vitalité de Dembéni prend fin au XIIe s. Il semble s’ensuivre une période d’insécurité (apparition de remparts urbains) et la constitution de chefferies.
L’islamisation de Mayotte est liée à la navigation et au commerce en provenance de la côte africaine et du golfe Persique. Des marins et marchands arabo-persans ont créé des cités commerçantes sur la côte africaine et apporté leur religion : l’islam. Le métissage culturel avec les populations côtières bantoues qui en résulte a donné naissance à une culture originale qui s’étendait de la Somalie actuelle au Mozambique en passant par les Comores et le nord ouest de Madagascar : la culture swahilie. Les îles Comores sont alors intégrées à l’aire culturelle swahilie.
Le sultanat s’établit à Mayotte au tournant des XVe-XVIe siècles. L’histoire du sultanat alterne des périodes de prospérité et des périodes d’insécurité dues à l’ambition de ses voisins (Anjouan) ou à l’installation de pirates dans l’archipel.
A la fin du XVIIIe-début XIXe s, Mayotte est soumise à des raids de pillage malgaches qui dévastent l’île et provoquent un effondrement de la population par déportation ou exil volontaire. Au début du XIXe siècle l’essentiel de la population de l’île est rassemblée sur le rocher de Dzaoudzi, plus facile à défendre. C’est là que dans les années 1830 un ancien roi malgache, Andriantsouli, chasse le sultan de Mayotte et s’installe à sa place. La situation du nouveau sultan est très fragile et il ne parvient jamais à imposer son autorité sur l’ensemble de l’île. En 1841 il signe avec le représentant de la marine française un acte de cession de l’île à la France.
La nouvelle colonie tente alors de s’orienter vers l’exploitation sucrière, comme les autres «îles à sucre » des Antilles et de la Réunion. Mais la conjoncture n’est pas favorable et la main d’œuvre et les capitaux font défaut. Malgré l’abolition de l’esclavage dès 1846 et l’introduction de « travailleurs engagés » en provenance principalement de la côte Mozambique, Mayotte ne parvient jamais à devenir une grande productrice de sucre. Dès la fin du XIXe siècle l’aventure sucrière est un échec. Les colons cherchent alors à se tourner vers d’autres productions tropicales d’exportation, notamment la vanille et l’ylang qui subsistent encore aujourd’hui.
En 1886 les autres îles Comores passent sous protectorat de la France. Dzaoudzi est alors la capitale de l’archipel mais les Comores ne tardent pas à passer sous l’autorité du gouverneur de « Madagascar et dépendances ». La vague de décolonisation d’après-guerre affecte la région : Madagascar acquiert son indépendance en 1962. L’archipel des Comores obtient le statut de Territoire d’Outre-Mer.
En 1974 la France organise un référendum dans les îles : celles-ci se prononcent pour l’indépendance, à l’exception de Mayotte qui veut rester dans la république. Mayotte devient alors une collectivité territoriale, puis une collectivité départementale avant d’obtenir le statut de département français en 2011.
VIIIe s : premiers peuplements (supposés) de l’île.
IXe - XIIe s : « civilisation Dembeni ».
IXe - XIIe s : première islamisation de l’île.
XIVe siècle : apparition de l’archipel des Comores sur les cartes marines.
XVe s : création du sultanat de Mayotte.
Fin XVIIIe - début XIX e s : nombreuses razzias de population par des Malgaches.
25 avril 1841 : traité entre le capitaine Passot et Andriansouli cédant Mayotte à la France.
16 février 1843 : ratification du traité de cession de Mayotte à la France.
1848 : fin de la construction de la digue reliant les îles de Dzaoudzi et Pamandzi.
mi XIXe - fin XIXe s : époque des industries sucrières.
Début XXe s : apparition des cultures d’ylang-ylang et diversification des productions.
1912 : la colonie de Mayotte et dépendances est rattachée à celle de Madagascar.
1946 : création du Territoire des Comores et instauration du suffrage universel.
1975-1976 : indépendance des Comores. Mayotte reste française. Opposition de l’ONU.
1995 : instauration d’un visa pour les Comoriens à l’entrée de Mayotte.
31 mars 2011 : Mayotte devient un département. Généralisation du droit commun.
Véritable trésor de l’océan-Indien, Mayotte dispose encore d’un patrimoine immatériel notable. Au-delà des paysages et du lagon, langues locales, artisanat, danse et traditions sont à découvrir.
Avec pour emblème le kibushi et le shimaoré, les langues locales sont encore très présentes à Mayotte. La pratique forte de ces langues, issues du malgache et du bantou, marque un gage de préservation de la culture mahoraise. Ces langues traditionnelles restent néanmoins avant tout orales.
L’habitat traditionnel est représenté par la construction de maison en tôles, en bois, végétaux ou en terre. Ces cases sont appelées bangas est sont traditionnellement occupées par des jeunes hommes en phase d’adolescence. Aujourd’hui l’habitat traditionnel disparaît au profit de construction en dur faites à partir de brique et de béton.
Le secteur de la pêche artisanale tient une place importante à Mayotte. L’activité halieutique est pratiquée avec la pêche embarquée (utilisation de pirogue en bois ou de barques) et la pêche à pied.
Aujourd'hui les pirogues traditionnelles sont en déclin et les foundis constructeurs de pirogues sont moins nombreux. C'est un savoir-faire technique qui se perd et une tradition maritime qui disparaît.
Bien que l’artisanat local soit peu développé, on trouve à Mayotte de la vannerie pour réaliser chapeaux et paniers, des instruments de musique en bois, de la sculpture, de la poterie, des bijoux travaillés finement. On trouve aussi des produits issus de l’agriculture locale (confitures, anchards, essence d’Ylang-ylang).
Les femmes mahoraises arborent des tissus à motifs et colorés appelés salouva. Elles portent aussi le m’sindzano, un masque de beauté à base de bois de santal qui leur permet de protéger leur peau. Le port de parures de bijoux ou des tatouages au henné est un signe de beauté et de séduction.
Si les hommes s’habillent davantage à la mode occidentale, ils portent, lors de fêtes religieuses et pour la prière, le Kandzou (grande robe pour homme) et le Koffia (couvre chef en forme de kipa).
De nombreuses danses traditionnelles sont pratiquées à Mayotte. Le mbiwi (danse féminine) et le shigoma (danse masculine) sont les plus répandues. Elles se pratiquent en groupes et sont associées à la fête.
Comme les danses, les musiques de groupe sont également très développées. Si les ensembles vocaux et percussions sont au cœur des musiques traditionnelles certains instruments se distinguent particulièrement : quelques rares instruments à vent et surtout des cordes (gabousses, dzendze).
Sur le territoire mahorais on retrouve des lieux de culte dénommés ziara. Si les Mahorais croient en un Dieu unique, les croyances locales donnent du pouvoir aux astres gniora, aux êtres invisibles tels que les moinaïssa, aux esprits des défunts (trumba), aux esprits de la nature (patrossi), aux êtres surnaturels du Coran (djinn), et aux anges (malaïka).
Depuis des siècles et dans l’intimité, la population locale fréquente les sites sacrés pour demander protection, bénédiction, guérison aux esprits.
Ile d’origine volcanique, Mayotte renferme un ensemble faunistique unique, diversifié, et fragile. La faune mahoraise s'est constituée au fil des siècles par des colonisations successives d’espèces provenant des régions limitrophes (Madagascar, Afrique). Certains animaux sont venus en volant, d'autres emportés par les vents et les cyclones et d’autres encore ont emprunté la mer, grâce à des radeaux flottants en dérive. Ils représentent la faune dite indigène.
L'insularité et le faible niveau de concurrence ont alors permis l'émergence d’une faune originale, endémique (terme qui implique que la répartition mondiale de l’espèce se limite à un territoire, en l’occurrence ici, à Mayotte).
Les mammifères terrestres sont représentés en petit nombre sur l’île avec seulement 15 espèces. Les plus communs sont la roussette (Pteropus seychellensis comorensis), endémique des Comores et le lémurien ou « maki » (Eulemur fulvus mayottensis), endémique de Mayotte.
Les autres mammifères ne sont pas natifs de l’île et on été introduits par l’homme. On compte parmi eux, la souris domestique, le rat noir, la civette, le hérisson (tenrec ou tangue). Sans oublier les mammifères domestiques : chats, chiens, zébus, chèvres.
Dix huit espèces de reptiles sont présentes à Mayotte, dont trois espèces de serpents et quinze lézards. Le groupe des lézards comprend les caméléons, les geckos et les scinques.
Parmi les serpents, on compte la couleuvre de Mayotte, espèce endémique, rare et en danger, ainsi que le serpent des cocotiers.
Une seule espèce de caméléon existe à Mayotte (Furcifer polleni) et est endémique de l’île.
Les geckos sont représentés par 5 espèces diurnes et 6 espèces nocturnes, qui fréquentent des habitats variés, des habitations aux zones forestières en passant par les plantations. Parmi ces espèces, quatre sont endémiques (gecko à bandes noires, gecko de Pasteur, gecko à ligne dorsale rouge et le gecko terrestre de Mayotte).
Trois scinques cohabitent à Mayotte : le scinque des Comores, le scinque fouisseur et le scinque maritime, sous-espèce endémique.
Concernant les amphibiens, deux espèces sont présentes : la grenouille et la rainette de Mayotte.
Plus de 140 espèces d’oiseaux ont été observés. Parmi elles, 42 sont migratrices et ne fréquentent l’île que de temps à autre et 32 sont nicheuses. Cette richesse avifaunistique tient en partie à la situation géographique de l’île, en bordure des routes migratoires des oiseaux. L’île présente une diversité d’habitats pour accueillir cette avifaune : îlots côtiers, mangroves, zones humides, forêts, côtes rocheuses,…
Parmi les espèces nicheuses, deux sont endémiques de Mayotte : le souimanga (Nectarinia coquerellii) et le drongo (Dicrurus waldenii) et cinq sous-espèces pari lesquelles le Zosterops maderaspatana.
Le seul oiseau marin nicheur est le paille-en-queue à bec jaune (Phaethon lepturus) que l’on trouve sur les îlots (îlot M’Bouzi) et en Petite-terre.
Mayotte a une responsabilité quant à la conservation de certaines espèces d’oiseaux, menacées de disparition à l’échelle régionale ou mondiale : héron de Humblot, héron crabier blanc, grande aigrette, drongo de Mayotte, martinet noir africain, pigeon des Comores...
Mayotte compte de nombreuses espèces d’araignées. Les plus remarquables sont la mygale (Idioctis interdidalis), qui vit dans la vasière des Badamiers en Petite-Terre et la Néphile à toile d’or (Nephila inaurata). Cette dernière construit de grandes toiles jaunes très résistantes et la femelle présente une taille plusieurs fois supérieure à celle du mâle.
Les insectes est le groupe faunistique le plus riche de l’île avec :
- 116 espèces de papillons, dont 12 endémiques,
- 38 espèces d’odonates (libellules et demoiselles),
- 50 espèces d’orthoptères (grillons, criquets et sauterelles), dont 31 endémiques,
- 150 espèces de coléoptères.
Il n’existe pas d’animaux dangereux à Mayotte mais il convient de faire attention aux scolopendres, une sorte de mille-pattes aux piqûres très douloureuses ainsi qu’aux moustiques, susceptibles de transmettre paludisme, dengue ou chikungunya.
Mayotte a la particularité de posséder une double barrière de corail de 180 km de long que l’on ne peut voir que dans deux autres endroits dans le monde (Nouvelle-Calédonie et îles Fidji). Zone d’observation exceptionnelle, Mayotte, l’île au lagon est un immense aquarium naturel. Ce milieu est très riche mais aussi très fragile.
Mayotte est connue pour ses douzaines d’espèces de dauphins facilement observables en grand nombre d’individus. On peut ainsi croiser des longs becs, des dauphins tachetés, des dauphins au « chapeau melon » (Péponocéphale), des tursiops ou plus rarement des dauphins à bosse.
Quelques privilégiés ont pu apercevoir des orques ainsi que l’emblématique sirénien, le dugong, devenu très rare dans le lagon mahorais (moins d’une dizaine d’individus).
Les plus courageux pourront également partir à la recherche des requins (plutôt rares) qui viennent chasser la nuit dans le lagon (requin de récif, requin gris, à pointe blanche,…).
De plus en plus gros et incontournable à Mayotte : la baleine à bosse. Elle est de passage dans les eaux mahoraises de juillet à octobre. C’est là qu’elle vient mettre bas et qu’elle apprend à son baleineau à se nourrir et à se débrouiller dans l’eau. Mayotte reste un site exceptionnel d’observation des baleines.
Mayotte abrite aussi une grande famille de raies dans le lagon avec l’emblématique raie manta qu’il est possible de découvrir d’avril à juin.
Les tortues vertes et imbriquées sont nombreuses à Mayotte. Elles viennent se reproduire et pondre en masse sur toutes les plages de l’île. Il n’est pas rare de les croiser évoluant sous l’eau. Il est également possible d’assister à une ponte nocturne ou une émergence (éclosion des petits).
Poissons chirurgiens, coffres, clowns, marguerites, papillons, pyjamas, perroquets, balistes, mérous et combien d’autres espèces, des formes les plus harmonieuses au plus bizarres, défilent en bancs, en couple ou solitaires assurant la féerie des lieux. Le périophtalme est un poisson bien particulier puisqu’il ne sait pas nager. Il se sert de ses deux nageoires pectorales pour sauter.
Crabes, huitres, moules sont aussi les habitants de la mangrove qui sert également de nurserie à bon nombre de poissons.
Si la murène est bien présente dans le lagon mahorais, sa cousine, l’anguille géante, fréquente les rivières mahoraises à la recherche de camarons, sorte d’écrevisses, dont elle raffole.
Dans la famille des céphalopodes, le poulpe, la seiche et le calamar sont aussi bien présents. Coté échinodermes, l’étoile de mer et l’holothurie (concombre de mer) se rencontrent très couramment dans le lagon.
Coté coquillages, on peut rencontrer des cônes, porcelaines, sept doigts, conque, casque et fer à repasser ainsi que de nombreuses autres espèces aussi jolies les unes que les autres.
Plus de 1 300 espèces de plantes constituent la flore de Mayotte. Plus de la moitié d’entre elles sont des espèces indigènes (introduites naturellement sur l’île) ou endémiques (qu’on ne trouve qu’à Mayotte ou dans la région proche). Cette végétation naturelle d’origine abrite l’essentiel de la biodiversité terrestre de l’île mais n’occupe plus cependant que 5% du territoire.
Les espèces exotiques (introduites il y a plus ou moins longtemps par l’homme) couvrent la plus grande partie de l’espace terrestre de Mayotte.
La végétation naturelle et la flore indigène de Mayotte possèdent nombre de caractéristiques qui les rendent exceptionnelles, voire uniques pour certaines de leurs composantes. Mayotte possède un remarquable condensé de végétation tropicale sur un territoire restreint.
Les nombreuses baies, le marnage important (il peut atteindre près de quatre mètres) et la protection conférée par le récif ont permis l’établissement de forêts particulières : les mangroves. Etablies sur des substrats sablo-vaseux, ces forêts amphibies sont composées principalement de palétuviers (on en compte sept espèces différentes à Mayotte) ; un grand nombre d’espèces de poissons et de crustacés s’y développent, s’y alimentent et s’y reproduisent.
Situées à l’interface des terres et du milieu marin, les mangroves filtrent une partie des sédiments terrestres entrainés par le ruissellement des eaux de pluie ; elles constituent aussi une protection naturelle contre la houle.
En amont des mangroves, les arrière-mangroves sont des forêts marécageuses abritant une vingtaine d’espèces végétales dont le rôle est de fixer une partie des sédiments terrigènes avant que ceux-ci arrivent dans les mangroves elles-mêmes, limitant ainsi leur étouffement.
Mais ces formations végétales sont très menacées (souvent détruites au profit des activités humaines : constructions, aménagements divers).
Essentiellement présente dans les parties à faible pluviométrie ce type de végétation peut présenter des caractéristiques variées allant du fourré bas ne dépassant pas deux mètres à des forêts d’arbres pouvant atteindre quinze à vingt mètres de hauteur. On recense environ soixante dix espèces végétales inféodées à ces formations sèches. Cette végétation est plus complexe que les formations littorales et sa valeur patrimoniale et ses rôles écologiques importants, pourtant elle ne subsiste plus aujourd’hui qu’à l’état de vestiges menacés. La réserve naturelle nationale de l’îlot M’Bouzi a été créée pour protéger la forêt sèche de l’îlot.
*(qui possède des caractéristiques communes avec les milieux secs et humides)
Cette formation forestière est caractérisée par un mélange d’espèces sempervirentes (se dit d’un végétal qui possède un feuillage persistant) et caducifoliées (plantes à feuilles caduques). Pouvant atteindre 25 mètres de haut elle abrite de nombreuses espèces. Mais ce type de végétation, qui recouvrait jadis une partie importante de Mayotte, a été largement détruit ou transformé par l’homme.
Occupant l’étage humide (au-dessus de 300 m d’altitude sous le vent et plus bas sur les versants au vent), la végétation humide de Mayotte possède les caractéristiques principales des forêts tropicales humides. Constituée d’une canopée parfois haute de trente mètres, d’où émergent quelques grands arbres dominants, elle abrite un sous-bois dense et étagé. Les nombreuses lianes, les ficus étrangleurs, l’abondance et la diversité des épiphytes (plantes utilisant d’autres végétaux comme support) ainsi que les nombreuses fougères et mousses illustrent la forte hygrométrie et confèrent à cette formation un caractère tropical.
Occupant l’étage humide (au-dessus de 300 m d’altitude sous le vent et plus bas sur les versants au vent), la végétation humide de Mayotte possède les caractéristiques principales des forêts tropicales humides. Constituée d’une canopée parfois haute de trente mètres, d’où émergent quelques grands arbres dominants, elle abrite un sous-bois dense et étagé. Les nombreuses lianes, les ficus étrangleurs, l’abondance et la diversité des épiphytes (plantes utilisant d’autres végétaux comme support) ainsi que les nombreuses fougères et mousses illustrent la forte hygrométrie et confèrent à cette formation un caractère tropical.
Les forêts de Mayotte (sèches ou humides, primaires ou secondaires) occupent environ 6000 hectares et constituent des réserves forestières appartenant à la collectivité ou à l’Etat. Ces forêts, insuffisamment protégées, sont menacées : coupe d’arbres, brûlis, agriculture sauvage, charbon de bois…
Au rythme actuel de la déforestation il ne restera plus de forêt à Mayotte dans trente ans !
Comme les autres îles de l’archipel des Comores, Mayotte est d’origine volcanique. C’est l’île la plus ancienne de l’archipel. Son édification a commencé il y a huit millions d’années. Les matériaux volcaniques se sont d’abord accumulés sur le plancher océanique situé à 4000m de profondeur.
Deux massifs volcaniques primitifs sont à l’origine de Grande Terre. Ces deux volcans dits « boucliers » émergent progressivement de l'océan. L’un se forme dans la partie nord (nord-ouest actuel de l’île et îlot Mtsamboro), l’autre dans la partie centrale et méridionale. Ils émettent de nombreuses coulées basaltiques qui empruntent les vallées creusées par les rivières.
Au cours du temps, les deux massifs volcaniques primitifs s'érodent et s'effondrent progressivement. Au sud, une caldeira s'ouvre alors pour esquisser ce qui deviendra la baie de Bouéni. Au nord, le volcan de Mtsamboro, ainsi que la barrière corallienne s'affaissent dans l'océan jusqu'à leur quasi disparition.
Il y a 4 millions d'années le magma est devenu plus visqueux formant des dômes, ou des necks comme ceux du Bénara, Saziley et Choungui. Ces émissions sont fréquemment suivies d'une activité hydrothermale, et il en résulte une altération des roches en argiles.
Les coraux construisent une barrière récifale qui ceinture l’île. L’île s’affaisse lentement sous son propre poids créant ainsi un lagon entre l’île et le récif corallien.
Après une période de calme éruptif d'un million d'années, l'activité volcanique reprend brutalement, sous une forme explosive, au nord-est de l'île, il y a environ 500 000 ans. De cette époque datent les cratères de Cavani et de Kawéni ainsi que ceux de Moya et du Dziani Dzaha en Petite Terre.
Actuellement, l'île continue de s'affaisser sous son propre poids. L'évolution géologique ne se traduit plus que par l'érosion et l'altération des formations volcaniques. En climat tropical humide, les roches sont transformées progressivement en argiles latéritiques. Des plages de sable et des mangroves apparaissent.
Ainsi, l'île disparaîtra sous le niveau de la mer pour ne plus laisser émerger qu'un atoll… dans quelques millions d'années.